Yan Pei-ming - Au nom du Père. Exposition au musée Unterlinden de Colmar jusqu’au 11 octobre

1630922597065 Chine-info Emmanuel Lincot

Exceptionnelle, cette exposition entre en écho avec Grünewald, le maître d’Issenheim. Que ce soit dans ses rapports au sacré ou dans les filiations que le peintre originaire de Shanghai et établit à Dijon s’est choisi. On reste saisi par la virtuosité de ses traits pour la réalisation de portraits monumentaux qui sont ceux de personnages historiques (Mao ou d’autres…) ou par des réappropriations de tableaux de maîtres anciens.

C’est la peinture d’histoire qui prévaut surtout chez Yan Pei-ming. C’est celle qu’il a découverte dès le lendemain de son arrivée en France, au musée du Louvre. Pour la première fois, cet enfant des années Mao ne voyait pas les reproductions des œuvres de grands Maîtres mais bien les originaux. Et en couleurs ! Yan Pei-ming se livre à une réinterprétation et une lutte avec la tradition. Que ce soit Titien, Caravage ou Velasquez, ce rapport à la tradition, cette lutte, est inévitable car son ambition est de réécrire une nouvelle page de l’histoire de l’art. Le moins que l’on puisse dire, en voyant ces aplats, comme jetés avec violence sur la surface de la toile, c’est que Yan Pei-ming n’a pas le geste tendre. Ce à quoi il nous répondra que la peinture n’est « ni une caresse ni une broderie ». La démarche de l’artiste est d’autant plus rare que la peinture d’histoire est un genre plutôt rare en Chine. C’est que Yan Pei-ming n’entre dans aucune catégorie. Ni Français, ni Chinois : il est avant tout un artiste. La vocation de peindre lui est venue dès l’âge de treize ans. Car il voulait, nous dit-il, se retrouver seul. C’était en pleine Révolution culturelle. Il ne l’a d’ailleurs pas du tout vécu comme une tragédie. Ses très grands formats font penser à la peinture d’un Liu Xiaodong quoi que la trajectoire de ces deux artistes contemporains soit très différente. Liu Xiaodong peint des anonymes. Yan Pei-ming peint des personnages illustres. Le choix des formats est lié à leur influence soviétique, à l’art de la propagande. Ici, à Colmar, on en est loin de la propagande... De tels formats réalisés par Yan Pei-ming invitent le visiteur au recueillement, à la communion même. Yan Pei-ming serait-il un peintre religieux ?  À contempler sa peinture, on se dit que c’est sans doute la moins improbable des hypothèses…


Yan Pei-Ming – Au nom du père

Exposition jusqu’au 11 octobre 2021

Musée Unterlinden                                                     

Place Unterlinden

68000 Colmar

Ouvert tous les jours de 9 h à 18 h (sauf le mardi)

Catalogue officiel de l’exposition Yan Pei-Ming – Au nom du père (30 €)

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